Deuxième jour

La journée commence par le doux roulement de l'Ubaye et la lumière filtrante du soleil à travers les arbres, réfléchie par la surface tourmentée de l'eau. Petit café, gros étirements, et le matériel reprend minutieusement sa place dans les sac. Nous quitterons nos amies de la nuit les fourmis rouges pour reprendre notre route tout au bout de la vallée.

La dure journée de la veille nous picote encore quelque peu les jambes, mais la beauté de ces instants comme des premiers jours nous les font très vite oublier. Le soleil apporte déjà sa chaleur et domine bientôt les hauts sommets tout proches. 

Le temps d'ingérer les dernières forces avant le départ, la tente sèche vivement au soleil, dans quelques minutes nous reprendrons la route. 

Pour s'économiser et éviter de reproduire le schéma de la veille, on ne laisse pas passer une si belle occasion de se faire des bâtons de marche sur mesure, à la bonne grâce de Dame Nature.

En suivant la vallée, nous remontons progressivement aux sources du torrent avec une bonne allure, sans trop d'efforts à fournir. En prenant le temps de tailler un brun de causette avec quelques randonneurs, nous progressons sur le GR de pays pour le col du Longet. Son lac hautement perché à 2600m nous semble une option formidable pour notre prochaine nuitée. 

Apparaît tout à coup en bout de vallée une oasis de flore sauvage surprenante, comme une fenêtre ouverte sur une réserve naturelle de Tanzanie, c'est le Plan du Parouart. Ce sol de pierre sèche où quelques eaux ruisselantes se frayent de tortueuses ramifications, ces arbres de petite taille parsemés, dont le vert tranche volontiers avec le blanc de la roche. Nos yeux voudraient y voir un zèbre, et même tout un troupeau. Nous laissons quelques instant, mâchoire pendante, toute liberté à l'évasion de l'esprit. Le regard posé là, persuadé d'être ailleurs...

Poursuivons sur ce même GR dans le ravin de la Saclette, seul tronçon réellement sportif du jour. Une raide monter d'une petite centaine de mètre nous donne une bonne raison de faire une pause. La gravière plongeant sur le ravin exprime toute la force de la fonte des neiges, et la résonance des eaux chaotiques gronde en contrebas.

La piste redevient plus calme, et nous remontons le courant vers les Marmites de Géants, un peu plus haut sur notre route.

Les paysages sont des étendues paisibles d'alpages que le vent caresse doucement. De moins en moins d'arbres contre de plus en plus de ciel. Les quelques nuages s'amusent à dessiner des troupeaux d'ombres en perpétuel mouvement. Les reliefs se dessinent et les couleurs se mélangent.

Quelques marmottent sifflent notre passage. Comme pour une étape de montagne du Tour de France, cela nous encourage à rejoindre le col et nous fait oublier les quelques lourdeurs persistantes.

Un berger et son troupeau de brebis marquent l'arrivée aux lacs, et le bout de notre deuxième journée de marche. Nous sommes à présent à 2600m d'altitude par un temps radieux, il est près de 18h, et bien que n'ayant pas trop forcé pour cette journée, nos épaules se réjouissent de pouvoir enfin souffler.

Il nous reste près de deux heures de soleil et, à mesure que la lumière devient rasante, la beauté du Lac de Longet s'accentue. Les milliers de perles de coton oscillent comme des sémaphores et nous offre un ballet de lumière.

Sous l'oeil totalement désintéressé des montons, il est l'heure du fameux rituel du camp de base, de la douche fraîche et du repas bien mérité.

C'était une belle journée de contemplation, et les yeux pleins de fatigues et de belles choses, au beau milieu du silence des hauts monts, nous nous endormons...

LA SUITE...

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