Quatrième jour

Pour une bonne nuit ai-je dit?

Cette nuit là nous n'avons pas protégé la tente d'un tarp, et les retombées d'humidité se font beaucoup plus lourdes sur la toile extérieure. Le manque d'espace à l'intérieur de la tente et la légère pente de sol qui nous emporte lentement vers la gauche nous incite à la faute. Nous réussissons à nous endormir, mais pour combien de temps... Plus tard, je me réveille, les pieds humides, dehors le ciel est noir. En bougeant, j'ai contraint les deux toiles à se toucher sur mes orteils, et la nuit est loin d'être terminée. Je glisse toujours, je râle, je bouge, et entends:

-"Tu dort?"                                                                                                                                                                                                               -je répond "Non, j'en ai mare de cette tente de nain!"                                                                                                                                                -"Pareil, qu'est-ce qu'on fait?"                                                                                                                                                                                   -"Je te propose un truc, je vais regarder l'heure, si il est plus de minuit on plie et on s'en va"                                                                                          -"ok" ...                                                                                                                                    

Il était 1h du matin. Excédés, nous nous équipons chaudement et rangeons notre matériel à la frontale.

La tente est très humide et le matériel posé à même le sol extérieur s'humidifie rapidement. Il ne faut pas traîner et reprendre la route. Notre chemin est tout tracé, le ciel est dégagé et la lune, pleine deux ou trois jours auparavant nous apporte une lumière blanche très puissante. Nos lampes frontales ne seront finalement que des appuies en cas de doute ou de situation plus complexe, et nous progressons en direction du col Vieux.

Nous franchissons le col et entamons une très longue descente jusqu'au fond de la vallée. Nous sommes à 2806m et seront en toute fin de parcours à 1687m d'altitude.

La piste n'est pas large, et sans frontale, il devient de plus en plus difficile de la suivre correctement. Il n'y a pas de danger et le paysage nocturne de ces sommets nous captive. On ne souffre pas de la chaleur cette fois-ci, ce qui rend notre progression plus légère. Le chemin s'efface peu à peu, forme des fourches, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Notre manque de visibilité nous a égaré dans un pierrier, mais on sait que la vrai piste n'est pas loin. Notre certitude c'est qu'elle est plus en contrebas, et qu'elle longera le Lac Foréant dont le reflet est visible d'ici. Pour ne pas se blesser et progresser dans le sens du vrai chemin de randonnée, nous faisons usage pour quelque temps de nos lampes rouges.

Nous retrouvons finalement la bonne piste et continuons notre route vers le lac. Le chien d'un berger tout là-haut nous entend et se met à japper. Il est sur les cimes tournées vers l'Est avec ses moutons, et finira par nous rendre notre silence nocturne. Nous sommes au premier lac, la vue est superbe et le ciel rempli d'étoiles. Il doit être 3h ou 4h du matin, et il nous reste encore pas mal de forces pour prolonger notre périple. 

Le ravin à notre droite nous laisse imaginer par le son réverbéré du torrent que la hauteur de l'aplomb est importante. La piste devient plus difficile et le danger est plus présent. Nous progressons lentement et redoublons de vigilance. La fatigue se fait alors de plus en plus sentir, cette petite nuit nous rattrape peu à peu mais rien ne presse. Voici le lac Egorgéou, troisième grande étape de notre dernier jour. On ne louperait pour rien au monde le lever du soleil qui s'annonce superbe dans un peu moins d'une heure sur la pointe de ce lac. La fatigue est présente et nous amorçons une pause sieste au bord du lac.

La nuit est froide, et en cessant de bouger nous risquons une très forte chute de notre température interne. Tous les vêtements en notre possession sont empilés, et comme des oignons nous nous étalons enfin sur une large pierre relativement plate. Nos couvertures de survie referment nos cocons, et les yeux rivés sur l'Est, je sombre quelque temps dans mes rêves. 

La lumière du jour nous réveil doucement, et un petit café s'annonce pour réchauffer nos entrailles et nous redonner des forces. Le paysage est saisissant, et nous prenons notre temps pour nous remettre en selle. Quelques Edelweiss nous tiennent compagnie pour ce petit déjeuner, et nous plions nous affaire pour boucler cette deuxième moitié de journée.  

Nous quittons la haute montagne aride et rocailleuse pour les forêts de résineux et les eaux abondantes. A l'heure de notre passage, les premiers bivouacs que l'on croise découvrent le petit matin et ouvrent leurs tentes. Le soleil dépasse enfin les cimes et nous apporte un peu de chaleur.

L'heure tourne petit à petit et nous ne rencontrons encore personne sur ce petit sentier d'ordinaire bien fréquenté. Nous retrouvons quelques marmottes et, en vain, tentons d'observer quelques chamois ou bouquetins.

Nos épaisseurs de vêtement s'amenuisent à mesure que nous descendons. Cette dernière portion de GR forestière devient plus raide, et déjà nous plaignons les promeneurs que nous croisons en plein effort face à cette pente.

Nous voici tout en bas à présent, au pied de la forêt, au hameau de l'Echalp et au départ pour certains qui, d'étonnement, nous demande en nous voyant à contre sens si nous avions abandonné. C'est avec un regard d'incompréhension qu'ils nous répondent lorsque nous leur affirmons que la journée, pour nous, se termine. Il est tout juste 8h30 du matin.


Près du parking de l'Echalp, nous faisons une petite toilette dans le torrent et faisons sécher nos affaires pliées mouillées au cours de la nuit. Le temps d'un petit casse-croûte près du chemin de randonnée, nous interpellons un petit Monsieur d'un certain âge en ballade pour avoir quelques informations sur les éventuelles navettes et fromageries des environs. Ses vêtements et son attitude ne trompaient pas, c'était un gars du coin, sur le retour à sa voiture.

En lui expliquant notre volonté de récupérer notre voiture, ce dernier se propose de nous y emmener très gracieusement. Nous acceptons sans hésiter. Nous faisant alors le tour de toutes les histoires des lieux que nous parcourons en voiture. Nous finissons notre parcours en beauté avec la gentillesse de cet homme et bouclons ces 4 jours fantastiques.  

Fin...

...MATOS ET BONUS...

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